Québec, le 22 novembre 2019
Dernièrement M. Jean-Louis Roy, PDG de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Mme Lise Bissonnette et M. Carol Couture se sont exprimés dans les médias pour expliquer, voire dénoncer, les répercussions engendrées par les réductions budgétaires à BAnQ entre 2009 à 2018.
Au nombre des impacts négatifs de ces réductions budgétaires, notons la non-croissance de la collection générale de la Grande Bibliothèque, des réductions ou des abolitions des services ainsi que la perte d’expertise suite à des départs d’employés. En guise de consolation, BAnQ a pu échapper à une nouvelle vague de compressions car le Gouvernement a pu absorber, cette fois-ci, les coûts de système (augmentation de salaire, assurances, hausse des frais locatifs, etc.), et s’est engagé à travailler pour rendre son financement stable. Même que l’institution réinvestit progressivement dans l’achat de livres et autres ressources documentaires.
Alors pourquoi faudrait-il crier au loup?
Pour les raisons suivantes :
Parce que BAnQ, c’est beaucoup plus que la Grande bibliothèque. Selon la loi qui la constitue, BAnQ a une double mission :
- rassembler, conserver de manière permanente et diffuser le patrimoine documentaire québécois publié […] et offrir un accès démocratique au patrimoine documentaire constitué par ses collections, à la culture et au savoir.
- encadrer, soutenir et conseiller les organismes publics en matière de gestion de leurs documents, assurer la conservation d’archives publiques, en faciliter l’accès et en favoriser la diffusion […] et la conservation et l’accessibilité des archives privées.
Une telle mission peut-elle réellement être poursuivie sans que BAnQ soit assurée d’avoir les moyens financiers conséquents sur une base régulière? L’absence de financement stable ne peut qu’engendrer des dysfonctionnements dont les répercussions dépassent celles énumérées plus haut. C’est la constitution même des archives publiques et privées ainsi que le patrimoine documentaire publié qui pourrait être mis en péril.
La ministre de la Culture et des Communications doit agir pour éviter que cette institution nationale ne devienne qu’une pâle succursale complètement dépassée par les géants du Web. Mme Nathalie Roy doit reconnaître l’importance de cette institution au Québec et la nécessité criante d’y investir les fonds suffisant pour lui permettre de fonctionner et de mener à bien ses deux missions.
Nous croyons que les Québécois et les Québécoises ont droit à cet accès démocratique au patrimoine archivistique et documentaire, composante essentielle et vitale de la Nation québécoise. L’accès à l’information, aux documents et aux archives ne doit pas être laissé au hasard mais être tributaire d’un intérêt soutenu permettant d’offrir l’accès à la connaissance pour tous les citoyens.
Par ailleurs, puisque BAnQ exerce les attributions prévues à la Loi sur les archives (chapitre A‐21.1), nous déplorons que cette loi, qui date de presque 40 ans, n’ait pas fait l’objet d’une refonte en profondeur, quitte à en proposer une autre qui s’harmoniserait avec la réalité technologique du 21e siècle. Pourquoi le ministère de la Culture et des Communications ne considère-t-il pas nécessaire de débuter avec BAnQ des travaux menant à ces changements législatifs? À l’instar de son collègue M. Éric Caire, dont la stratégie de transformation numérique insuffle un vent de renouveau, il suffirait d’un peu de leadership et de volonté politique pour que Mme Roy marque le Québec avec l’adoption d’une nouvelle loi qui consoliderait la constitution et l’accès à la mémoire d’une nation.
Frédéric Giuliano, Président – Association des archivistes du Québec (AAQ)
Réjean Savard, Président – Fédération des milieux documentaires (FMD)
Loryl MacDonald, Présidente – Association canadienne des archivistes (ACA)
Joanna Aiton Kerr, Présidente – Conseil canadien des archives (CCA)
Karine Savary, Présidente – Regroupement des services d’archives privées agréés du Québec (RSAPAQ)
David Bureau, Président – Regroupement des archivistes religieux (RAR)
Marc Lacasse, Président – Comité archives du Conseil du Patrimoine religieux du Québec
Chantal Ménard, Présidente – ARMA Montréal
Carolyn Harris, Présidente – Yukon Council of Archives
Susan McClure, Présidente – Council of Nova Scotia Archives
Andrew Chernevych, President – Archives Society of Alberta
Guylaine Beaudry, Vice-rectrice exécutive adjointe, stratégie numérique et bibliothécaire en chef – Université Concordia
Loubna Ghaouti, Directrice de la bibliothèque – Université Laval
Carole Saulnier, Directrice de la Division de la gestion des documents administratifs et des archives – Université Laval
Diane Baillargeon, Directrice de la Division de la gestion de documents et des archives – Université de Montréal
Yves A. Lapointe, Directeur et archiviste de l’Université McGill – Université McGill
Cédric Champagne, Directeur du Service des archives et de gestion des documents – UQAM
Michel Lévesque, archiviste-conseil et diplômé d’honneur de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal
Marie-Pierre Aubé, archiviste universitaire – Université Concordia
Excellente initiative. Il serait important si ce n’est déjà fait, d’adresser copie de cette lettre ouverte à la ministre du MCC au PDG de BAnQ ainsi qu’au CA de BAnQ. Cela démontrerait la volonté du milieu de poursuivre l’action.
Je signe moi aussi ! Je soutiens à 100 % cette lettre. Merci aux signataires !
Michael David MILLER, Bibliothécaire adjoint et Bibliothécaire de liaison, Bibliothèque des sciences humaines et sociales, Bibliothèque de l’Université McGill
Soyons toujours unis pour défendre notre patrimoine documentaire!
Je suis en accord avec les constatations et demandes légitimes présentes dans la lettre ouverte . Souhaitons qu’elle portera ses fruits!
Félicitations pour cette démarche très pertinente. D’ailleurs, si je ne m’abuse, le ministère avait déjà reçu il y a quelques années des propositions concrètes provenant de BAnQ en ce qui a trait à une nouvelle mouture de la Loi sur les archives. Or, le dossier ne semble pas avoir beaucoup avancé depuis ce temps.
Effectivement, le financement de BAnQ est au cœur même de sa mission; c’est le nerf de la guerre!
Quant à la révision de la Loi sur les archives, l’AAQ avait demandé une révision de la Loi lors de la consultation publique sur le projet de loi n° 47, Loi modernisant la gouvernance de BAnQ. J’avais eu la chance d’aller à l’assemblée nationale pour réitérer notre demande. Il y avait également eu une consultation du milieu en 2013 pour réviser cette loi.
C’est bien dommage qu’il n’y ait pas eu plus d’avancement depuis ce temps.
Superbe iniciative, je signe et je partage ce document pour que d’autres personne soient informées.
Les incultes qui nous dirigent semblent ignorer en quoi consiste notre héritage historique et culturel et ,par conséquent,n’ont qu’une piètre idée de la nature et de la valeur des témoignages (patrimoine documentaire,mobilier et immobilier en particulier) qui nous ont été transmis. D’où leur incapacité à nous proposer une vision d’avenir qui soit à la fois cohérente et enthousiasmante.
Il va de soi que j’appuie entièrement l’initiative de l’Association.
bien
Comme l’a si bien dit Fernand Dumont , ce que j’ai oublié d’inclure dans mon commentaire,les artisans (et idéologues) de la «Révolution tranquille» ont voulu faire table rase d’un passé qu’ils jugeaient peu glorieux.On en voit aujourd’hui les conséquences.
Dans les années 80 le gouvernement du Parti Québécois avait investi dans « La Mémoire des Québécois », la bannière des Archives nationales du Québec (ANQ) d’alors. La fusion avec la Bibliothèque nationale (BNQ) devait être prometteuse d’opportunités nouvelles et de moyens financiers accrus. À l’aube du centenaire de de l’institution nationale d’archives, le gouvernement par le biais du ministère de la Culture doit, entre autres, s’investir pour rattraper le retard et moderniser en fonction de la réalité technologique l’encadrement législatif de la gestion documentaire et des archives dans les organisations publiques.
De mon côté, après plus de 33 années à travailler en gestion documentaire, principalement dans le réseau de la santé, je constate qu’il reste beaucoup de travail à faire pour que notre profession soit reconnue à sa juste valeur. Combien de fois ais-je constaté que les établissements de santé avaient laissé leur Calendrier de conservation “sur la tablette” et que dans les faits peu de travail était réalisé pour gérer efficacement les documents administratifs et les archives historiques. La Loi sur les archives doit effectivement être remodelée et “avoir des dents”. Cependant, cela sera efficace dans la mesure où notre profession sera reconnue à sa juste valeur et que les décideurs (administrateurs, gestionnaires…) auront les moyens de l’appliquer sur le volet terrain.
Je signe aussi!
Les bibliothèques sont un outil essentiel à la démocratisation du savoir!