Montréal, le 10 septembre 2021
Madame Marie Grégoire
Présidente-directrice générale
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)
475, boulevard De Maisonneuve Est
Montréal (Québec) H2L 5C4
Madame,
Au nom du conseil d’administration de l’Association des archivistes du Québec (AAQ), nous tenons à vous féliciter pour votre récente nomination à titre de présidente-directrice générale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et nous vous offrons nos meilleurs vœux de réussite dans le cadre de vos nouvelles fonctions.
Fondée en 1967, l’AAQ regroupe près de 600 membres, archivistes et spécialistes de la gestion de l’information, qui œuvrent au sein des organismes publics et privés afin d’assurer une saine gestion des documents et des archives. Elle a pour mission de regrouper les personnes physiques ou morales qui adhèrent aux valeurs fondamentales de l’Association et qui offrent à leurs clientèles des services liés à la gestion de l’information. Elle fournit également à ses membres des services en français propres à assurer le développement, l’enrichissement et la promotion de leur profession. L’AAQ intervient régulièrement dans différents dossiers pour promouvoir l’expertise des archivistes. En plus d’être présente sur le territoire québécois, elle est active et siège sur divers comités et instances nationales (Conseil canadien des archives, Comité directeur sur les archives canadiennes) et internationales (Conseil international des archives).
Nous souhaitons profiter de cette occasion pour vous assurer que l’AAQ est entièrement disposée à collaborer avec vous et l’équipe de BAnQ pour faire cheminer les différents dossiers qui concernent la communauté archivistique et, de façon plus large, le milieu culturel québécois. Les enjeux et les défis à relever étant nombreux, nous croyons que c’est en travaillant de concert que nous pourrons trouver des solutions viables et atteindre nos objectifs communs.
Parmi les enjeux qui nous tiennent à cœur, mentionnons, tout d’abord, le sous-financement de BAnQ. Il est essentiel que le gouvernement réinvestisse substantiellement dans cette institution que vous dirigez afin qu’elle puisse réaliser pleinement sa mission et réussir son virage technologique si indispensable dans le contexte actuel de transformation numérique de l’état québécois. Cette situation préoccupe grandement l’AAQ qui croit en la nécessité d’un organisme national fort disposant des moyens de ses ambitions.
Un autre dossier qui retient particulièrement notre attention est la révision de la Loi sur les archives. À cet effet, en janvier dernier, l’AAQ a déposé un mémoire dans le cadre de la consultation du milieu archivistique québécois sur cette question organisée par BAnQ. À notre avis, dans le contexte de la transformation numérique actuel, il est devenu impératif de réviser la Loi sur les archives afin d’assurer une saine gouvernance des données et des documents numériques dans les organisations publiques. En plus de garantir la conservation et la diffusion des archives publiques et privées pour permettre une meilleure connaissance de la société québécoise, cette révision outillerait les archivistes et spécialistes de la gestion de l’information de manière à ce qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle. N’ayant fait l’objet d’aucune modification substantielle depuis son adoption il y a près de 40 ans, la Loi sur les archives doit être modifiée en profondeur de façon à s’arrimer au nouvel appareil législatif tout en s’inscrivant à part entière dans les principes de gouvernance de l’État.
Finalement, nous tenons à vous faire part de nos inquiétudes pour la préservation du patrimoine religieux québécois. Ces archives, qui sont riches, uniques et si précieuses pour l’histoire du Québec, sont détenues et gérées par des institutions qui n’ont souvent pas les ressources requises pour assurer adéquatement leur conservation et leur diffusion. Vous vous rappellerez la décision de l’Univers culturel de Saint-Sulpice (UCSS), en août 2020,de congédier l’ensemble du personnel responsable de la conservation, du traitement et de la mise en valeur de ses archives. Bien que ces dernières, ainsi que la collection de livres rares et la collection de biens mobiliers des Sulpiciens, aient été reconnus tout récemment comme biens patrimoniaux en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, le problème n’est malheureusement qu’en partie réglé. En effet, si ce classement vise à encadrer la préservation des archives, il reste muet en ce qui concerne leur traitement, leur mise en valeur et leur accessibilité.
Il nous fera évidemment plaisir de discuter avec vous plus amplement de ces différents dossiers ainsi que de tout autre enjeu d’actualité en lien avec les archives et la culture québécoise.
Vous renouvelant nos félicitations, veuillez agréer, Madame, l’expression de notre considération distinguée.
Julien Bréard
Président
Association des archivistes du Québec