Reproduction d’une lettre envoyée le 19 août 2020 à la ministre de la culture Nathalie Roy.

Madame la ministre,

C’est avec stupeur que nous apprenions aujourd’hui, par l’entremise de l’article de Jean-François Nadeau Catastrophe patrimoniale appréhendée, paru dans le journal Le Devoir, que les Sulpiciens venaient de congédier en bloc tous les archivistes et professionnels qui veillaient à la préservation de leurs richesses patrimoniales. Sans tambour ni trompette, les prêtres de Saint-Sulpice viennent priver de professionnels aguerris un des services d’archives agréés les plus

importants du Québec. C’est tout un pan de l’histoire du Québec et du Canada qui se trouve plongé dans l’ombre par ce geste sauvage. En congédiant les archivistes employés par le centre, les Sulpiciens viennent de se priver d’une précieuse expertise et d’un savoir irremplaçable. Combien de fois faudra-t-il répéter toute l’importance du rôle de l’archiviste dans la préservation de ces richesses ? Combien de fois faudra-t-il rappeler que les archivistes sont les mieux placés pour protéger ces legs du passé ? Le Québec possède des trésors historiques d’une valeur inestimable. Ne laissons pas ce geste irréparable venir priver notre nation d’une collection qui remonte à la naissance de la Nouvelle-France.

Les archives conservées par les Sulpiciens relatent l’histoire de la fondation de Montréal en plus de compter de nombreux dictionnaires autochtones. On comprend rapidement toute l’importance de ces archives religieuses sulpiciennes et ce qu’elles représentent pour l’histoire du Québec. Si personne ne remet en doute les investissements majeurs dans le patrimoine bâti religieux, il serait extrêmement déplorable et dommageable de ne pas œuvrer aussi pour la sauvegarde de documents d’une telle envergure. Si le service d’archives des prêtres du Saint-Sulpice a obtenu un agrément de la part du Ministère de la Culture et des Communications c’est que ce dernier jugeait que la valeur des archives qui y sont entreposées y était suffisamment importante pour qu’on leur accorde une telle reconnaissance.


Madame la ministre Nathalie Roy, nous vous interpellons aujourd’hui, en tant que ministre de la Culture et des Communications, pour que vous assuriez la pérennité de ce patrimoine. Vous avez la possibilité d’interférer immédiatement et de prendre les mesures nécessaires pour, d’une part, sauver ces riches collections et, d’autre part, assurer à ces archivistes et professionnels la sauvegarde de leur emploi. Nous demandons également à BAnQ d’intervenir auprès des Sulpiciens pour qu’ils répondent aux nombreuses questions laissées en suspens : qu’arrivera-t-il de ces archives ? Par quels moyens vont-ils en assurer la préservation ? Quels professionnels en auront la charge ?


Il n’est plus le temps de débattre, il faut maintenant agir. La survie d’un riche patrimoine est en jeu.

Frédéric Giuliano

Président