Monsieur le ministre Mathieu Lacombe,

Je tiens d’abord à vous remercier chaleureusement d’avoir accepté l’invitation de l’Association des archivistes du Québec de rencontrer ses membres réunis dans le cadre de leur 52e congrès annuel tenu à Québec du 17 au 19 mai dernier. J’ai eu le plaisir d’être présent à votre table et, avec des collègues archivistes, nous avons pu échanger sur cette question qui nous intéresse au plus haut point depuis plusieurs années déjà : la modernisation de la loi québécoise sur les archives qui, rappelons-le, date de 1983. Inutile de revenir sur les propos de la lettre que je vous ai adressée le 3 novembre 2022 parue dans Le Devoir et qui m’a permis d’insister sur l’importance et l’urgence qu’il y a de revoir notre Loi sur les archives.

Nous avons compris des propos que vous nous avez livrés le 17 mai dernier, que le projet de modernisation de la Loi sur les archives est enfin sur le « radar » de votre ministère et que le personnel qui vous entoure est bien sensibilisé à cette priorité. Après vous avoir entendu, aucun doute, « vous serez celui qui va arrimer nos archives avec le numérique » comme le suggérait le titre de ma lettre de novembre dernier. Et qui plus est, nous comprenons aussi que cette nouvelle loi dépassera le caractère incitatif et pédagogique de la précédente. Pour ce faire, elle s’appuiera sur une reddition de compte devenue incontournable, pour peu qu’on veuille gérer avec efficacité toutes ces informations que contiennent les archives alors même qu’elles se trouvent dans les ministères et les organismes publiques. Bref, en 1983, il fallait une Loi sur les archives, ce qui fut fait. En 2023, il faut une loi qui disposera de l’appareil règlementaire nécessaire pour être plus sérieusement appliquée avec efficience et diligence et qui encadrera de façon efficace la gestion de l’information tant analogique que numérique produite par les administrations publiques et parapubliques. Cela étant, je crois pouvoir affirmer que la communauté archivistique du Québec est profondément convaincue du grand intérêt avec lequel les organismes et les entreprises du secteur privé recevront très positivement ces avancées d’une archivistique québécoise contemporaine et inclusive.

Par ailleurs, monsieur le ministre, il ne faut jamais oublier qu’en matière de gestion d’archives, l’intervention en amont, c’est-à-dire celle qui est faite au moment où l’information est créée et utilisée dans le quotidien administratif de nos institutions, assure des résultats beaucoup plus prometteurs que si on attend de s’en préoccuper en aval. Comme nous le rappelait avec justesse la présidente directrice générale de BAnQ lors de notre rencontre, les efforts investis dans le préventif évitent les grandes déceptions qui sont inévitablement le lot du curatif.

En terminant, monsieur le ministre, risquons-nous d’être déçus en croyant que les engagements que vous avez pris au congrès de l’AAQ vous amèneront à doter le Québec d’une nouvelle Loi sur les archives qui répondra adéquatement aux avancées technologiques et à la réalité actuelle de la gestion des archives dans les ministères et organismes publics ? Une fois engagé dans la démarche, il n’y a plus de place pour l’hésitation et nous comptons sur vous pour mener à terme cet exercice salutaire pour le Québec.

Merci à l’avance de l’attention que vous continuez de porter à ce dossier essentiel.       

Carol Couture

Membre émérite de l’Association des archivistes du Québec – 1991

Directeur, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, Université de Montréal, 2001-2005

Conservateur et directeur général des archives, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2006-2012