Vie d’Archiviste de Mario Robert – 12 novembre 2018.

 

Plusieurs membres de la région Montréal ont mentionné au comité de direction de la région qu’il serait intéressant de partager un compte-rendu des soirées Vie d’archiviste. Alors, voici le compte-rendu d’un administrateur de la dernière soirée Vie d’archiviste de la région Montréal qui a eu lieu le 12 novembre dernier. Notre invité était Monsieur Mario Robert, historien et archiviste, chef de la Section des archives à la Ville de Montréal.

 

Alors, dites-nous en commentaire si cette formule vous plaît pour la prochaine soirée!

 

 

Quel est son parcours académique?

Mario Robert obtient d’abord un baccalauréat en histoire. Il décroche ensuite une maîtrise en bibliothéconomie en 1984; Il fait partie de la première génération de maîtres en archivistique. En 1995, il complète son parcours académique avec une maîtrise en histoire à UQAM.

 

À l’époque de ses études, le programme en archivistique comporte un stage obligatoire à l’Université de Montréal. Grâce à Jean-Yves Rousseau, il a la chance d’être attitré aux règles de conservation en 1983. L’année suivante, il travaille avec Florence Arès à l’étude sur l’état du semi-actif du gouvernement du Québec. Après une courte période d’inactivité, ses contacts à l’UdeM lui offrent un contrat, qu’il s’empresse d’accepter, en hiver 1985. Ensuite, de 1985 à 1991, il travaille au poste de bibliothécaire-archiviste à la CSN. En 1991, il est engagé à la ville de Montréal comme analyste en gestion de documents et archives. Il y est encadré par Denys Chouinard. En 2008, il devient chef de Division. Il s’y plaît entre autres choses parce qu’il est enfin pris au sérieux !

 

Mario Robert, muni d’une solide formation en histoire est, aux archives historiques, comme un poisson dans l’eau. Sa passion est de diffuser les archives; de les rendre disponible au plus grand nombre. Selon lui, il faut utiliser les archives et les réutiliser. Les moyens de diffusion que son service offre sont nombreux. Notamment, il permet aux artistes de réutiliser les archives pour attirer l’attention et attiser la curiosité à leur sujet. Les artistes, et leur public, sont particulièrement friands des photographies anciennes, ce qui fait dire à M. Robert: “La photographie, c’est la locomotive des archives!”

 

Comment en tant que Chef de section vous faites avancer la cause des archives?

Tout le travail de Mario Robert est lié à la diffusion des archives. Auparavant, toutes les institutions avaient leur méthode et ça compliquait le travail de recherche et de diffusion. Le développement d’outils normalisés de description des archives a depuis permis l’uniformisation de l’indexation des documents. Aujourd’hui, il faut vouloir avancer et essayer d’être à l’avant-garde. Les Archives de Montréal ont, par exemple, inauguré le site web du service le 1er avril 1997. Ce qui en faisait un précurseur dans le domaine. Elles ont aussi été le premier organisme à implanter le catalogue ATOM au Canada. Tout a un potentiel d’être diffusé! Il faut donc faire feu de tout bois, communiquer et innover, pour démocratiser et simplifier l’accès aux archives. Chaque document doit pouvoir atteindre quelqu’un qui va le valoriser.

 

Plusieurs projets ont, jusqu’à présent, permis de donner une visibilité aux Archives de Montréal. Par exemple, en 1999, le projet du Siècle des Montréalais est un véritable succès. Le Journal de Montréal approche les Archives de Montréal pour produire un cahier spécial contenant des photos anciennes de la ville. Monsieur Robert travaille avec un journaliste pour définir comment on fait une histoire à partir d’une photographie. Le cahier est publié en novembre 1999. Il est tellement populaire qu’il est republié en décembre la même année… en 750 000 exemplaires. C’est là que l’on voit que la diffusion dans un média populaire a un fort impact!

 

Monsieur Robert a également participé à une exposition de la Ville de Montréal à Shanghai qui lui a fait expérimenter une drôle de forme de dépaysement. L’exposition est développé et envoyée vers la Chine. Une fois sur place, Mario Robert se rend compte qu’il a besoin d’un tournis à tête carrée pour défaire les boîtes de transport des archives. Évidemment aucun tournevis n’a été envoyé avec les boîtes. Il constate à ce moment qu’il s’agit d’une forme de tête typiquement canadienne…impossible d’en trouver à Shanghai! Tous les employés de l’exposition se mettent à la recherche d’un tournevis, mais sans succès. C’est finalement une employée de l’ambassade du Canada qui sauve la mise: elle avait un tournevis à tête carrée chez elle. La suite de l’installation de l’exposition s’est déroulée sans encombre.

 

Mario Robert a vécu un autre moment marquant dans sa carrière en 2013, lors du 300e anniversaire de la fondation de Montréal. L’UPAC envahi l’Hôtel de Ville dans le cadre de l’enquête sur le maire intérimaire Michael Applebaum. Les enquêteurs de l’UPAC visitent des chambres fortes des archives pour trouver des documents incriminants…sans succès. Monsieur Robert leur suggère que ce qu’ils cherchent est probablement dans le bureau du maire et non dans les archives!

 

Période de questions

 

Comment faire le lien entre votre implication communautaire et votre profession? Souvent, on fournissait des archives. Aujourd’hui, on est capable de faire parler les archives avec les outils. Nous sommes les mieux placés pour le faire.

 

Encore ici, les Archives de Montréal, en lien avec la publication des documents du fonds du Maire Jean Drapeau, ce sera eux qui vont publier avant les médias! Faire parler les archives. La fibre de l’historien teinte aussi le parcours de Monsieur Robert par sa participation à la rédaction de nombreux ouvrages.

 

Est-ce que vous avez des projets pour les prochaines années? L’écriture : il travaille entre autres sur son histoire familiale, par la recherche d’archives. Mario Robert souligne qu’au niveau de la recherche iconographique, il peut se dire expert. Dans un comité scientifique, il est souvent désigné à la recherche d’images.

 

L’administration de la Ville de Montréal est énorme à faire avancer. Quel est le secret pour faire bouger une institution comme cela? Au début, c’est toujours difficile. Avec l’expérience, c’est plus facile, surtout quand les élus sont venus visités et que des projets ont été réalisés. Par exemple, Valérie Plante et sa mère sont venues visiter les archives en janvier 2018! Après la Bibliothèque, le site Web des archives de la Ville de Montréal est le site le plus visité. Monsieur Robert a aussi travaillé à faire des épisodes sur l’histoire de la Ville de Montréal à MA tv. Il est aussi une mémoire de la connaissance de ce domaine. Il devait faire une seule apparition, qui s’est fini en 55 chroniques.

 

Comment décrit-on le métier d’archiviste à des non-initiés (entre autres, à des maires)? On ne parle de gestion de documents! Il faut parler d’histoire, de patrimoine et de documents historiques. Les prévenir que maintenant les archives privées ne se retrouvent plus dans les bibliothèques… comme traditionnellement. Il faut les aider à comprendre que l’important n’est pas d’avoir que des archives administratives et leur faire réaliser la valeur des archives historiques.

 

Quelles sont les archives préférées? Il s’agit de 3 aquarelles couleur, qui représentent trois couples autochtones de différentes tribus : Abénaquis, Hurons et Algonquins, car pour le cas des Abénaquis cela serait la seule représentation authentique que l’on possède. Les gens peuvent chercher « Abénaquis-Abénaquise » pour voir les images.

 

À quoi ressemble le quotidien de Mario Robert? Change tous les jours et dépends de sa boîte courriel. Il doit répondre à des demandes, en plus de faire des relations médias sur des questions qui contiennent des notions historiques. Dois encadrer les gens par la répartition des tâches, comme beaucoup d’organisation il y a des mesures de performance (des objectifs annuels et des livrables). Il faut aussi suivre l’actualité, parce que quand ça concerne Montréal…va avoir des demandes. Les journalistes sont fervents d’histoire, mais pas de recherche dans les archives… Rencontrer également des chercheurs pour faire une entrevue de leurs besoins pour maximiser leur temps de recherche d’information.

 

Bon moment: Pendant le 375e, il y avait l’installation de l’ONF et une volonté de diffuser une publicité de Youri Gagarine. Monsieur Yves Jasmin, directeur de l’information, de la publicité et des relations publiques d’Expo 67, recherchait cette publicité. Il y a des copies dans le fonds du Maire Drapeau, détenu par le Service de la Ville de Montréal. Donc, Monsieur Robert a travaillé afin de rendre le tout disponible. Toujours dans la volonté de valoriser et promouvoir le pouvoir des archives!