13h00 à 14h45 – « Les coulisses de plateformes citoyennes inédites »

(participation citoyenne, volet 2) – animée par Normand Charbonneau

Quelles sont les opportunités que la participation citoyenne offre aux archivistes et comment valider la démarche, à ses différentes étapes?

1 - #everynamecounts : Érige avec nous un mémorial numérique, avec Floriane Azoulay

#everynamecounts est une initiative des Arolsen Archives, en Allemagne, qui a pour objectif de créer un mémorial numérique pour les victimes du national-socialisme. Pour que les générations futures puissent se souvenir des noms et des identités des victimes. C’est aussi un enjeu important pour notre société contemporaine. Parce qu’en se confrontant à notre passé, nous voyons où mènent la discrimination, le racisme et l’antisémitisme.
Le souvenir et la commémoration des victimes du national-socialisme s’inscrivent souvent dans des rituels rigides dans lesquels les jeunes générations ne se reconnaissent pas. L’initiative de crowdsourcing #everynamecounts offre un nouveau moyen très direct de se confronter activement avec le passé et de donner l’exemple par la participation : pour la mémoire des victimes nazies et pour le respect, la diversité et la solidarité.
Nous travaillons sur l’archive en ligne la plus complète au monde sur les personnes persécutées et assassinées par les nationaux-socialistes. À cette fin, les noms et les dates des documents historiques déjà scannés doivent être enregistrés numériquement. C’est une tâche gigantesque, car nos archives contiennent quelque 30 millions de documents ainsi que des informations sur le sort de 17,5 millions de personnes.
Plusieurs millions de noms peuvent déjà être facilement recherchés en ligne. Mais la liste est loin d’être complète. C’est pourquoi nous avons lancé le projet de crowdsourcing
#everynamecounts.
Vous pouvez donner autant de temps que vous le souhaitez. Pour participer à #everyname-counts, il suffit de posséder un ordinateur et une connexion Internet. Des milliers de bénévoles apportent déjà leur aide.
Nos objectifs : Ce mémorial numérique unique doit continuer à se développer le plus rapide-ment possible. C’est pourquoi nous travaillons à la mise en ligne du fond historique de documents sur les prisonniers des camps de concentration, sur les travailleurs forcés du régime hitlérien et sur les survivants. Notre objectif : tous les noms devraient être en ligne d’ici 2025.
Toutes les personnes intéressées dans le monde entier pourront alors accéder à l’important fond de documents, qui fait partie du patrimoine documentaire mondial de l’UNESCO. C’est une aide inestimable pour la recherche et l’éducation, ainsi que pour les familles des victimes.

Floriane Azoulay est l’actuelle directrice des Archives d’Arolsen à Bad Arolsen, en Allemagne. Experte française en droits de l’homme, elle a été nommée à la tête de l’institution par la Commission internationale (CI) des Archives d’Arolsen en 2016. Au cours des cinq dernières années de son mandat, elle a repositionné l’institution, amélioré son profil public et mis en œuvre la numérisation dans l’ensemble de l’organisation. Elle s’attache tout particulièrement à explorer les synergies entre l’importance historique de la collection d’archives et sa valeur pour la société actuelle.
Auparavant, Floriane Azoulay était chef du département Tolérance et Non-discrimination au Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) – une organisation intergouvernementale comptant 57 États participants.
Floriane Azoulay est titulaire d’un master en sciences sociales de l’EHESS à Paris, d’un master en management de l’ESCP Europe et d’une licence en philosophie de l’Université de Paris-La Sorbonne.

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2- Le projet Testaments de Poilus, une expérience collaborative multiforme, avec Pauline Charbonnier

Lancé en 2017, le projet Testaments de Poilus vise à produire une édition scientifique numérique d’environ 1000 testaments rédigés entre août 1914 et novembre 1918 par des soldats morts pour la France, déposés ensuite au sein des minutes des notaires conservées dans les services publics d’archives français. Il s’agit à la fois de faire connaître ces témoignages inédits, inaccessibles jusqu’en 2008 et parfois les seuls écrits des soldats concernés, et de les rendre exploitables par les chercheurs.

Le projet associe trois services d’archives (les Archives nationales en assurant la direction technique et opérationnelle), l’université de Cergy-Pontoise, l’université Paris 8, l’École nationale des chartes et la Fondation des sciences du Patrimoine qui l’a financé en grande partie.

L’équipe projet a décidé dès 2017, dans le contexte de la commémoration du bicentenaire de la Grande Guerre, de faire appel à des contributeurs bénévoles pour, d’une part identifier sur place les testaments répondant aux critères de sélection, d’autre part en produire la transcription encodée en TEI. Cette approche comportait divers risques, notamment celui de ne pas parvenir à intéresser et à impliquer vraiment ces amateurs, à qui on allait demander de s’approprier une méthode d’analyse textuelle et de structuration considérée comme le domaine des chercheurs en sciences humaines. Cela a conduit à concevoir et réaliser une plate-forme de transcription collaborative dédiée, mise en ligne en janvier 2018 (https://testaments-de-poilus.huma-num.fr). Son cœur consiste en une interface dynamique et intuitive de saisie de la transcription en TEI. Elle est accompagnée d’une série de dispositifs, parmi lesquels un système de gestion de commentaires et un tutoriel fondé sur des exercices.

La plate-forme de transcription est aujourd’hui utilisée par plus de 400 contributeurs, quelques-uns assidus et devenus très compétents, et par les personnes de l’équipe projet qui relisent et valident les transcriptions. Divers événements (ateliers, conférences) permettent d’échanger avec les contributeurs (voir par ex. le compte-rendu de la journée du 11 septembre 2018, https://testaments-de-poilus.huma-num.fr/#!/content/30). Certains contributeurs ont aussi été associés à la conception d’une deuxième application, destinée à accueillir durablement les résultats du projet et à en permettre l’exploitation, et publiée en décembre 2020 (https://edition-testaments-de-poilus.huma-num.fr/).

Ainsi ce projet s’avère-t-il une expérience collaborative multiforme : collaboration entre archivistes, chercheurs et ingénieurs ; production participative et collaborative de contenus avec des bénévoles. La conférence présentera les facettes de cette collaboration et ses résultats, y compris en terme d’expérience professionnelle, du point de vue des archivistes des Archives nationales.

Pauline Charbonnier est ingénieure d’études, titulaire du master « Technologies numériques appliquées à l’histoire » de l’École nationale des chartes (Paris, France) et d’une maîtrise en science de l’information de l’EBSI (Montréal, Canada). De 2013 à 2017, elle a travaillé au sein de l’équipe en charge des données du projet Biblissima (https://portail.biblissima.fr/). Depuis 2018, elle travaille aux Archives nationales de France, d’abord à la Mission référentiels de la Direction des fonds jusqu’en septembre 2021, et désormais au Lab des Archives nationales, récemment créé au Département du numérique et de la conservation.

3- Co-Lab, outil de production participative avec Mathieu Sabourin et Jessica Ouvrard

Au cours des 25 dernières années, le web a complètement changé le rapport entre l’archiviste et son client. Ce qui était autrefois une activité essentiellement analogue, la science archivistique d’aujourd’hui est largement guidée par l’appétit des chercheurs pour les avantages qu’apportent le monde numérique. Cette nouvelle approche peut être à la fois excitante et anxiogène. Malgré sa taille, BAC n’y échappe pas. Comment pouvons-nous assurer la qualité de notre travail d’acquisition et de description tout en suivant les tendances numériques concernant l’accès? Comment accroître l’accès à notre vaste collection tout en maintenant une relation personnalisée avec notre clientèle?

L’élaboration d’outils de production participative, tels que « Co-Lab », permet ce type de rapprochement entre BAC et sa clientèle. L’application leur permet de transcrire, traduire, décrire et étiqueter le contenu numérique de la collection. Que ce soit dans le cadre de défis organisé par BAC ou bien par l’entremise de « Recherche dans la Collection », le but de l’outil est d’augmenter l’accessibilité en ligne de notre collection tout en encourageant les Canadiens à s’investir et s’approprier le patrimoine documentaire de BAC. De plus, dans un contexte où il est impensable pour BAC de décrire la documentation acquise dans son entièreté, Co-Lab permet au public de participer activement à la démocratisation de la collection. Comme les métadonnées ajoutées sont automatiquement indexées dans le moteur de recherche, le travail d’un collaborateur Co-Lab bénéficie à l’ensemble des clients faisant une recherche après lui.

L’élaboration et l’entretien de « Co-Lab » ne se s’est pas fait sans effort. L’innovation d’un nouveau produit numérique oblige invariablement l’institution à revoir ses processus et ses standards. Depuis maintenant 5 ans, BAC travail à former des équipes multidisciplinaires, composées d’archivistes, de bibliothécaires, de spécialistes dans l’expérience des utilisateurs (UX) et de programmeurs informatiques, qui ont comme but de comprendre à fond ces nouveaux problèmes et d’élaborer de manière itérative des solutions durables. Donc, au lieu de voir Co-Lab comme un projet avec des échéanciers rigides, il est plutôt traité comme un produit qui se doit d’évoluer en suivant les tendances technologiques actuelles tout en étant guidé par les recommandations de son principal utilisateur; le public.

La collaboration est donc au cœur de l’élaboration de produits comme Co-Lab : soit au niveau de l’intégration du public dans la conception même de l’outil, mais aussi au sein de l’équipe qui prépare le design, test ce dernier et code la solution.

 

À propos de Mathieu Sabourin

À la suite de ses études en histoire et en archivistique à l’Université Laval, Mathieu Sabourin a œuvré pendant quelques années dans le domaine privé en recherche autochtone pour ensuite se joindre au ministère des Affaires autochtones et du Nord Canada. Depuis 2014, il travaille comme archiviste à Bibliothèque et Archives Canada. Après plusieurs années au sein des services de référence, il est maintenant le responsable de produit en ligne, tel que « Recherche dans la Collection » ou la plateforme participative « Co-Lab ».

 

À propos de Jessica Ouvrard

Après quelques péripéties la menant de Montréal à Halifax avec un intervalle dans les Pays-Bas, Jessica Ouvrard a fait sa maîtrise à McGill en bibliothéconomie et la gestion du savoir.  Elle travaille maintenant en tant que gestionnaire dans la section du Contenu en ligne qui cherche à faire la collection de BAC à travers différents canaux tels que le blogue ou le balado et beaucoup d’autres!